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Prigojine, fin de partie

Hier soir, le jet privé de Prigojine s’est écrasé dans la région de Tver, alors qu’il revenait d’Afrique et se dirigeait avec d’autres membres de Wagner de Moscou à Saint-Pétersbourg. Bref, il n’a pas échappé à son destin, il l’a retrouvé deux mois après avoir lancé hommes et artillerie contre Moscou, pour sauver son business mis en péril par la décision gouvernementale d’incorporation des «armées privées» au sein du ministère de la Défense, décision scandaleuse en période néolibéralisme globaliste. Malgré cela, pour certains, Prigojine reste un «héros». Et c’est en effet une figure caricaturale cette époque «patrio-globaliste», mais anachronique … si la Russie s’en sort. De cette époque.

Le retour de Prigogine : les élites globalistes russes remportent une bataille de poids

Ne pouvant plus reculer, suite aux fuites dans la presse française, le Kremlin a confirmé la rencontre entre le Président Poutine et les commandants de Wagner, ainsi que Prigogine le 29 juin, à peine 5 jours après la mutinerie de ces mêmes hommes. Cette révélation a produit un sérieux malaise en Russie. Non pas un malaise communicationnel, mais politique. Car finalement, Prigogine n’est pas en Biélorussie, comme son immunité l’imposait. Et la faiblesse du pouvoir à tenir ses décisions politiques est de très mauvaise augure, surtout en temps de guerre.

Front intérieur : Poutine met les points sur les i pour les partisans de Prigogine

Alors que les élites et les milieux de la communication commençaient à relativiser la gravité du crime commis par Prigogine contre la Russie, en réalisant une mutinerie armée, en prenant une ville, en lançant les chars contre Moscou, le Président russe s’est adressé hier soir à la population — et surtout à ces groupes pour les prévenir : ceci est un crime, il ne sera ni oublié ni pardonné. Désormais à eux de choisir leur clan.

Billet du jour d’après : La Marche sur Moscou, va-t-elle réellement réveiller l’instinct de survie politique en Russie ?

A peine 24 heures après la mutinerie armée effectuée, mais non conçue, par Prigogine et Wagner contre le pouvoir régulier en Russie et la mort de 15 militaires russes, le président du Comité de la défense de la Douma trouve que non seulement il n’y a rien eu de grave, mais qu’il faut légiférer pour légitimer ces organisations militaires privées. Il va bien falloir régler la question de la dualité des élites en Russie, avant qu’une Marche n’arrive jusqu’au Kremlin.

Déglobalisation : l’intégration des bataillons de volontaires au sein de l’armée russe et le refus de Prigogine

Au 1er juillet, tous les bataillons de volontaires doivent avoir passé un contrat avec l’armée et ainsi entrer dans un corps unique, tant pour les droits que les devoirs. Cette normalisation de la situation est à saluer, puisque ce conflit n’est pas une opération à l’étranger ou une opération ponctuelle anti-terroriste, mais bien une guerre traditionnelle de libération du territoire national russe. Il n’y a pas alors de place pour les ambitions privées et les contrats lucratifs, ce qui par ailleurs oblige les cadres de l’armée régulière à adapter leur vision des choses à la réalité de la situation et aux enjeux existentiels pour la Russie. L’on notera que si Kadyrov a été l’un des premiers à faire signer ses volontaires, Prigogine à son habitude a insulté l’armée et refusé. 

Billet du lundi : Prigogine, le nouveau Eltsine ?

La question posée ici ne concerne pas la valeur combattante des personnes entrées dans les rangs de l’armée privée Wagner, qui appartient à Evgueny Prigogine et qui travaille sous contrat avec le ministère russe de la Défense. Il s’agit du danger grandissant de l’utilisation sur le sol national d’une logique néolibérale, niant l’armée régulière en Russie et conduisant inévitablement au discrédit du commandement. Donc du pouvoir légitime en période de guerre. Ce qu’il est impossible de faire de l’extérieur, il est toujours possible de le réaliser de l’intérieur : l’union des élites patriotiques, sur laquelle repose le pouvoir russe aujourd’hui, est mise en danger par l’attitude de Prigogine et son conflit ouvert, et réel, contre le haut commandement militaire. Avec les élections présidentielles de 2024 et l’apparition, certainement par hasard, de ce site faisant de Prigogine un candidat potentiel, l’on comprend que certaines élites le mettent en avant et derrière un conflit d’approvisionnement, elles peuvent jouer le putsch politique, comme Eltsine a été conduit à le faire en son temps, entraînant la chute de l’URSS.