Trump : le retour aux Empires ou de simples fanfaronnades ?
Donald Trump ne cesse d’enchaîner les déclarations provocatrices dans le domaine de sa politique étrangère. Annexion, chantage à la guerre douanière, possible recours à la force militaire, les «alliés» des Etats-Unis sont remis à leur place, celles des pions dans le jeu américain. La présidence Trump, va-t-elle ouvrir une ère de retour à l’Empire ou bien ne sommes-nous confrontés qu’à des fanfaronnades visant simplement à détourner l’attention des véritables buts ?
Lors de sa dernière conférence de presse, Donald Trump a encore une fois répété ces déclarations, visant à l’expansion territoriale directe des Etats-Unis sur les territoires, qu’il considère comme faisant partie de l’espace naturel américain ou devant permettre la garantie de la sécurité des Etats-Unis.
Le président élu américain Donald Trump a refusé mardi d’exclure le recours à la force ou aux pressions économiques pour acquérir le canal de Panama et le Groenland, dans le cadre d’un programme expansionniste plus large qu’il a promu depuis qu’il a remporté l’élection du 5 novembre. Donald Trump, qui prendra ses fonctions le 20 janvier, a également émis l’idée de transformer le Canada en un État américain. (…) il a réitéré ses menaces envers le Panama et le Groenland, soulignant qu’ils étaient «nécessaires à la sécurité économique» des États-Unis. Le président élu a ainsi menacé le Danemark de taxes douanières si Copenhague refusait son offre pour acquérir le Groenland.
Quand Trump estime que la frontière entre le Canada et les Etats-Unis est «une ligne artificiellement tracée», le Premier ministre canadien sur le départ refuse toute idée de faire du Canada le 51e Etat américain. De la même manière, les autorités danoises estiment que l’on «ne se comporte pas ainsi avec ses alliés et partenaires», ne voulant pas prendre le risque de comprendre qu’ils ne sont ni un allié ni un partenaire pour les Etats-Unis. Quant au Panama, il réaffirme, inquiet, sa souveraineté sur le canal.
Le NYT pose ouvertement la question de savoir si Trump est sérieux :
On ne sait pas vraiment si le président élu était sérieux dans ses propos. Il a même suggéré à un moment donné que son administration allait rebaptiser le golfe du Mexique « golfe d’Amérique ».
La question en effet se pose : sommes-nous de retour sur la voie de la reconstitution des Empires, après une phase d’atomisation des puissances étatiques, afin de faire disparaître leur puissance justement ? Il s’agirait alors de l’ouverture d’une nouvelle ère historique. Cela pourrait être le cas, s’il existe une véritable force politique combattant la globalisation en tant que telle. Le retour aux espaces politiques unifiés, ayant les ressources de s’imposer sur la scène internationale à d’autres espaces politiques, conduit inévitablement à un mouvement de regroupement des territoires et des peuples en fonction des zones d’influence de certains centres de pouvoir et en fonction de la réalité historique et culturelle des peuples.
Mais il peut ne s’agir aussi que d’une stratégie politico-communicationnelle, visant de manière beaucoup plus prosaïque à faire monter très haut les enchères, afin de faire accepter des règles plus favorables aux Etats-Unis, notamment en matière économique. Ainsi, par exemple, pour le Canada :
M. Trump a critiqué les dépenses américaines pour les produits canadiens et le soutien militaire au Canada, affirmant que les États-Unis n’en retiraient aucun avantage
Il est pour l’instant difficile de répondre avec certitude à cette question, car personne ne sait quelle est la véritable ligne idéologique de Trump (même s’il semble ne pas fondamentalement remettre en cause la globalisation, tant qu’elle sert les intérêts américains), ni quelle sera sa véritable marge de pouvoir réel. Dans cette logique, nous ne pouvons pas non plus exclure, qu’il ne s’agit que de fanfaronnades : la mise en avant de certaines personnalités totalement artificielles comme Elon Musk, oblige à envisager cette possibilité.
Par Karine Bechet-Golovko