Vers le retour de Stalingrad ?

A l’occasion du Forum «Znanie» (connaissance), le Président Poutine a émis la possibilité de restaurer l’appellation de la ville de Stalingrad, aujourd’hui Volgograd, en répondant à la question d’une jeune habitante de la ville, qui espère cet acte politique fort. S’il a été possible de restaurer le nom historique de l’aéroport, pour la ville ce sera plus difficile, sauf s’il y a une véritable volonté politique de prendre une décision, Ô combien symbolique de nos jours. Stalingrad, c’est la Victoire.

Lors de son déplacement à Volgograd, Poutine a tout d’abord rencontré le Gouverneur de la région. Lors de cet échange, le Gouverneur a présenté au Président une demande formulée par un groupe d’habitants de la région et de participants à l’Opération militaire en vue de définitivement restaurer la dénomination historique de l’aéroport, à savoir Stalingrad.

Comme l’a déclaré le Gouverneur Botcharov :

«Tout le monde m’a demandé de vous contacter et de soutenir la proposition de renommer l’aéroport et de lui donner un nom réel, fier, courageux et héroïque : l’aéroport de Stalingrad.»

Une heure après cette conversation, l’oukase était adopté. Alors que régulièrement l’aéroport de Volgograd est renommé Stalingrad pour les fêtes du 9 mai, désormais il portera ce nom toute l’année.

Le lendemain, 30 avril, s’est tenue une discussion entre le Président Poutine et des habitants de la région lors du Forum «Znanie». A ce moment, une jeune fille pose une question au Président, en le remerciant tout d’abord d’avoir restauré l’appellation historique … de la ville :

« Nous vous remercions au nom de tout Stalingrad – désormais Stalingrad – d’avoir renommé notre ville. » « Ville ? Aéroport. Pensez-vous qu’il faille rebaptiser la ville ?» a demandé le Président. « Oui, car elle est liée à une histoire profonde.» « Et au nom de toute la population, nous en serions très heureux », a déclaré la jeune fille. (…) Il a ensuite ajouté que « c’est aux habitants de décider » : « Réfléchissons-y, il faut leur demander. »

Une jeune femme est ensuite intervenue, pour préciser la dimension plus historique qu’idéologique :

Une autre des filles présentes à la rencontre avec le président, professeur associé à l’une des universités de Volgograd, Maria Shiro, a déclaré qu’en 1961, les habitants n’associaient pas le nom de la ville à celui de Joseph Staline : « Ils le considéraient comme le nom de la victoire. » « Je comprends. Il y a une logique là-dedans. Si nous désidéologisons le nom autant que possible, alors, bien sûr, il est lié à la victoire », a répondu le Président. Mais nous devons connaître l’opinion de la majorité des habitants de la ville, a encore souligné Poutine.

La question de la restauration de la dénomination de Stalingrad revient souvent. Volgograd n’est pas non plus l’appellation historique de la ville, qui sous l’Ancien Régime s’appelait Tsaritsine, jusqu’en 1926. Elle est devenue Volgograd en 1961, dans la foulée de la «déstalinisation» conduite par Khrouchtchev, dans une nouvelle vague de trotskisme — qui est bien loin de déranger cet Occident néo-trotskyste.  

Mais pour dépasser l’antisoviétisme primaire des élites post-soviétiques (qui ne sont justement toujours pas sorties du «post-soviétisme»), il va falloir une véritable volonté politique venue du sommet. Stalingrad est un symbole aujourd’hui, un symbole du courage, de la volonté de se battre pour sa liberté, le symbole de la Victoire. C’est un symbole, qui va totalement à l’encontre de l’hystérie négociatrice actuelle. 

Finalement aux autorités russes de décider. Il se trouvera bien sûr toujours des gens pour ne pas accepter le retour de «Stalingrad», c’est normal. Il sera alors possible aux dirigeants de se cacher derrière eux. Et Stalingrad deviendra un anachronisme. Ou bien Stalingrad peut être l’espoir d’un peuple, son réveil. 

Par Karine Bechet-Golovko