Автор: Karine Bechet-Golovko
Hier, Macron s’est adressé aux internautes, afin de préciser la position des élites globalistes et celles-ci n’ont pas changé de position : elles veulent toujours la défaite stratégique de la Russie, qu’elles considèrent comme une menace. Simplement, elles ont accepté le fait que cette défaite ne pourra pas être obtenue (à ce jour) sur le champ de bataille. Les buts restent les mêmes, seuls les moyens changent. La question n’est pas celle de l’importance de Macron personnellement, mais de la position et de l’appréciation de la force réelle des élites auxquelles il appartient, et qui n’ont pas magiquement disparu avec l’arrivée de Trump.
Après la première rencontre des délégations russe et américaine, certains éléments ont été précisés et l’ambiance générale tranche (pour l’instant) franchement avec celle des négociations antérieures. Les Etats-Unis sont maintenus en position de demandeur et la Russie a bloqué les tentatives de dérives atlantistes, directes et indirectes. Le jeu continue et s’intensifie. C’est un long processus, qui n’en est qu’à ses débuts.
Les délégations russe et américaine sont arrivées hier en Arabie Saoudite et la rencontre officielle a commencé ce matin. Dans la foulée, Zelensky se balade aux Emirats et Trump a eu une conversation téléphonique avec Macron hier, juste avant le début de la réunion de Paris. C’est bien une partie à plusieurs niveaux, qui se jouent, où les ennemis de mes ennemis ne sont pas forcément mes amis — puisqu’ils ne sont pas forcément des ennemis entre eux.
Alors que les membres de la délégation américaine se dirigent vers l’Arabie Saoudite pour rencontrer le 18 février les membres de la délégation russe au sujet des pourparlers sur l’Ukraine, nos chers Européens se réunissent à Paris. Faute d’avoir été conviés aux discussions, ils tentent d’exister. Ils ont peur, donc ils crient fort. L’Union européenne a fait disparaître les pays européens comme sujet politique, avant de faire disparaître l’Europe comme centre politique. La boucle est bouclée, l’histoire continue sa route. Et nos dirigeants gesticulent sur le bas-côté.
Pachinian met de plus en plus profondément l’Arménie dans les pas de l’Ukraine, lançant le pays vers le mythe d’une intégration européenne, qui n’aura de toute manière pas lieu, tout en le privant de sa souveraineté et le plaçant comme pion dans l’échiquier atlantiste. Les élites atlantistes ont en commun de ne pas tirer les leçons de leurs erreurs. Les élites atlantistes arméniennes ne font pas exception à la règle et le Parlement vient d’adopter en première lecture la fameuse loi ouvrant la voie des négociations l’intégration de l’Arménie dans l’UE.
Hier, s’est tenu le premier appel téléphonique entre Trump et Poutine, renouant ainsi les contacts officiels à ce niveau entre les deux pays. Si cela lance l’ouverture officielle du front des négociations, il est beaucoup trop tôt pour applaudir à la paix. Une guerre ne prend fin que dans deux cas : soit quand la source du conflit a été éliminée (ce qu’a rappelé Poutine à Trump) ou quand une partie capitule par fatigue (ce qu’espère Trump). Essayons d’analyser rationnellement la situation, puisque la Russie et le monde atlantiste se trouvent chacun à un moment-charnière de leur histoire.
La ligne politique des instances globalistes face à l’institution électorale est finalement assez simple : si le résultat obtenu n’est pas satisfaisant, il faut revoter ; si l’on risque de ne pas obtenir le résultat attendu, il ne faut pas voter. C’est exactement ce que le Conseil de l’Europe, organe de la «post-démocratie» globale, vient de dire à la Géorgie, en lui imposant de revoter au niveau national et de ne pas organiser d’élections locales. La Géorgie a décidé, en réponse, de sortir de l’APCE.
L’ONU, rien que l’ONU, tout l’ONU semble être la devise indéboulonnable du ministère russe des Affaires étrangères, qui s’est arrêté «au bon vieux temps» de l’après-guerre et de la splendeur de l’URSS, refusant de voir changements irréversibles. Après trois années de guerre. Après l’implication directe des organes de l’ONU dans le combat conduit par les Atlantistes contre la Russie. Alors que l’on ne cesse de nous parler de la guerre de l’information, de l’importance de la communication dans une société soi-disant post-moderne, il serait urgent d’adapter le discours. Et / ou de revoir la ligne politique. Sans «penser la déglobalisation», la Russie ne pourra pas remporter la victoire. Et c’est le monde entier, qui sera englouti dans une longue période glaciaire.
Il a appelé ou il n’a pas appelé? Tout le week-end médiatique a tourné autour de l’annonce surprise de Trump, selon laquelle il aurait eu une conversation téléphonique avec Poutine. Le porte-parole du Kremlin botte en touche sur le mode du je ne suis pas au courant de ce dont je ne dois pas être au courant. Pendant ce temps-là, le fameux «clan de la paix — à n’importe quel prix» fantasme sans retenue au sujet d’un impossible Yalta 2.0. La Russie est à un tournant décisif de son histoire : soit elle baisse les bras et tente de négocier un cessez-le-feu à bas coût (en attendant de prendre un coup d’une puissance encore difficilement évaluable, puisque l’on ne respecte pas les faibles), soit elle a le courage d’un véritable combat contre le monde global, ce qui est encore loin d’être évident. 2025, ce n’est pas Yalta et 1945, mais plutôt la Première Guerre mondiale, ses tranchées et ses étranges faiblesses.
Le droit de l’hommisme est non seulement le fondement «moral» du monde de l’après-guerre, mais aussi le fondement de la politique américaine du roll back, la base de la bonne conscience de la globalisation, l’instrument central du soft power américain depuis la chute de l’Union soviétique. Or, Donald Trump vient de prendre trois décisions, qui lui portent un coup sévère : la réduction drastique de l’USAID, la sortie du Conseil des droits de l’homme de l’ONU et les sanctions contre la CPI. Y a-t-il une remise en cause profonde de la politique d’ingérence ou ne serait-ce pas plutôt une rationalisation du système américain d’ingénierie politique, quand le droit de l’hommisme a objectivement perdu toute crédibilité ?
Le Parquet général de Russie a déposé ce 28 janvier un recours en justice, afin de demander le transfert à l’Etat des actifs de l’aéroport de Domodedovo, se trouvant sous contrôle étranger, alors qu’il est une infrastructure stratégique pour le pays. Parallèlement, des détournements de fonds, effectués dans l’intérêt étranger, ont été relevés par le Parquet. Quand le droit rattrape la politique, il y a des chances pour restaurer la souveraineté.
Trump continue à déployer une politique internationale, dont le cynisme est poussé à l’extrême. Les élites globalistes ont manifestement fait le choix d’une forme extrême du néolibéralisme, qui arrive à ses limites, vidé de l’hypocrisie des «valeurs» derrière lesquelles il cachait sa mauvaise conscience. Au moins avait-il une conscience. On oublie les manières, on garde le fond : Gaza doit être vidé des Palestiniens, appartenir aux Etats-Unis et tout ira bien. La Pax Americana, dans sa version primaire, anti-civilisationnelle, un Far West global.
Pour Rutte, le nouveau Secrétaire général de l’OTAN, l’Europe est et doit rester une colonie américaine, puisque de toute manière il ne peut y avoir de défense en Europe sans les Etats-Unis et que l’OTAN est une arme américaine. La boucle est bouclée, il n’y a plus rien à voir, ne reste plus qu’à augmenter les budgets nationaux de la défense. Ou comment les visages changent pour garantir la continuité de la même ligne politique. Rien à voir, on circule.
La Gendarmerie nationale française joue un étrange jeu ces derniers temps. Des annonces dramatiques enflamment le PAF, faisant monter la pression au sujet d’une fantasmagorique attaque de la France … par la Russie, sans vraiment le dire aussi directement. L’implication directe de la Gendarmerie nationale en Ukraine, bien avant 2022, et le développement d’un mécanisme supra-national n’y seraient-ils pas pour quelque chose ? Nos gendarmes, ceux que nous connaissions et aimions, ceux qui étaient «de chez nous», nous manquent vraiment. Ils disparaissent avec la France. Et désormais Hubert Bonneau nous prépare un nouvel épisode, celui du Gendarme à Kiev.
Anatoly Tchoubaïs est l’un des pères de la mise à mort de l’URSS et de la destruction volontaire de l’économie russe post-soviétique. Pour lutter contre le communisme, il a été prêt à lutter contre la Russie. Ce qu’il a fait toute sa vie à des postes de responsabilité au sein du Gouvernement, puis à la tête de Rosnano, puis comme représentant spécial du Président auprès des organisations internationales. Discrètement exfiltré après le lancement de l’Opération militaire en 2022, le Parquet général russe ouvre (enfin) une enquête sur ses activités — au moins à Rosnano.